LES ZAZOUS

Zazou 

         Pendant la Guerre à Paris, des groupes de jeunes gens se mirent à braver l’occupant en affectant des tenues vestimentaires excentriques pour l’époque et en se laissant pousser les cheveux au mépris des lois allemandes réquisitionnant la chevelure comme une matière première.  Certains arboraient sur le revers de leur veston une étoile jaune avec l’inscription “zazou” et dans quelques cas, furent déportés.

         Les zazous portaient le pantalon serré et court, la veste croisée, ample et longue, un peu à la manière des zoot suits. Du point de vue vestimentaire, ils préfigurèrent plutôt les Teddy Boys que les Mods. C’est surtout du point de vue musical qu’ils annoncèrent le “modernisme”. Les zazous se réunissaient dans des cafés et dans des clubs, bravant encore les interdictions, pour sacrifier à leur passion de la danse et des musiques noires : le jazz et le swing à cette époque. Ils tiraient leur nom et leur inspiration, aussi bien pour leur apparence, leur attitude décontractée que pour leurs goûts musicaux, de chanteurs comme Cab Calloway ou Louis Jordan. Le nom zazou viendrait d’ailleurs d’une chanson de Cab Calloway.

         Si Boris Vian ne fut jamais “zazou” stricto sensu, il était proche de ce mouvement et on peut retrouver l’atmosphère des soirées et de la mentalité “zazou” dans son roman Vercoquin et le Plancton. Voici la description qu'il y fait d'un de ces energumènes : “Le mâle portait une tignasse frisée et un complet bleu ciel dont la veste lui tombait aux mollets. Trois fentes par derrière, sept soufflets, deux martingales superposées et un seul bouton pour la fermer. Le pantalon, qui dépassait à peine la veste, était si étroit que le mollet saillait avec obscénité sous cette sorte d'étrange fourreau. Le col montait jusqu'à la partie supérieure des oreilles. Une petite échancrure de chaque côté permettait à ces dernières de passer. Il avait une cravate faite d'un seul fil de rayonne savamment noué et une pochette orange et mauve. Ses chaussettes moutarde, de la même couleur que celles du Major, mais portées avec infiniment moins d'élégance, se perdaient dans des chaussures de daim beige ravagées par un bon millier de piqûres diverses. Il était swing. »

         Le chanteur Johnny Hess, compère des débuts de Charles Trenet, fut le chantre du mouvement zazou: « Les cheveux tout frisottés, le col haut de 18 pieds, ils sont zazous, le doigt comme ça en l'air, le veston qui traîne par terre, ils sont zazous. Ils ont des pantalons d'une coupe inouïe, qui arrivent un peu au-dessus du genou, ils sont zazous. Et qu'il pleuve ou qu'il vente ils ont un parapluie. Ils ont l'air dégoûté, tous ces petits agités, ils sont zazous », chantait-il en 1942.
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